En commençant cette nouvelle année 2024, nous regardons d'abord en arrière dans un esprit d'offrande et de pénitence, puis en avant, avec espérance. Tant de moments de vie et d'amour, nous ont animés en famille, mais aussi tant d'efforts pour beaucoup d'entre nous, ont mis notre patience à l'épreuve.
Si quelqu'un pouvait rassembler tout cela en une seule image, qu'imprimerait-elle ? Que laisserait-elle comme impression ? Et surtout, qu'offrirait-elle aux yeux de l'Enfant de Bethléem, ou du Crucifié de Jérusalem ?
On doit parfois se poser ce genre de question, je pense. Lorsque Jésus me regarde, que voit il ? Jésus à la crèche, en Égypte, Jésus à Nazareth ou Jérusalem, ou bien des années après à Capharnaüm… Que voit-il, lui qui commence pendant 30 ans, en voulant apprendre de nous ?
Lorsqu'il croise le regard de sa mère, il voit la créature voulue et aimée dès les origines, une nouvelle Éve déjà dans la lumière de la résurrection. Il la voit avec nous, dans une communauté de destin, où celle qui est sans péchés, brille pour ses enfants qui cheminent, avec l'espérance de la délivrance, que Jésus vient nous offrir.
Lorsqu'il nous regarde, il nous aime et il nous pardonne … tout. On ne peut pas dire autre chose ! Cette vérité première qui est celle de n'importe lequel de nos enfants : lorsqu'ils nous regardent, ils nous aiment et ils nous pardonnent.
Benoît XVI à l'ouverture de son Pontificat avait trouvé important de souligner que la foi précède toujours la morale. Et dans un prolongement naturel, lui qui signait "coopérateur de la vérité", soulignait que la première vérité que nous devons tenir est la plus simple : nous sommes aimés de Dieu ( Encyclique Deus Caritas 2005.) Et comme en préparation du Pontificat suivant, il dit en 2011 aux JMJ : "Oui, chers amis, Dieu nous aime. Telle est la grande vérité de notre vie, celle qui donne sens à tout le reste". " Toute vérité ne peut bien se comprendre qu'à partir de cette affirmation fondamentale : nous sommes aimés de Dieu". Et cette vérité, bien sûr, ne peut ni se cracher au visage du pécheur, ni réclamer sa mort. Telle était la douceur et la discrétion presque timide du Pape Benoît.
Dans cette continuité, je pense, le combat du Pape François. On peut dire sans se tromper, qu'il n'est pas toujours compris… Et comment le pourrait-il ? Jésus fût crucifié d'avoir été le visage authentique de l'amour de Dieu, de sa Miséricorde, que nous avons célébré en 2016 : le serviteur n'est pas plus grand que son Maître.
Que les Papes suscitent une forme d'inquiétude, où politique idéologie et religion se mélangent hélas facilement, ne doit pas être une surprise pour nous. C'est dans la souffrance et la mort même, que le visage de Jésus fût le plus éclatant de la splendeur de la vérité la plus éternelle de notre vie : nous sommes aimés de Dieu.
Alors on doit rester je pense, dans cette attitude catholique d'écoute et d'accueil du magistère du Pape qui, si on y regarde bien, garde une grande fidélité doctrinale.
Lorsque François affirme dans la réponse aux Dubia, que la famille fondée sur l'union d'un homme et d'une femme, est "beaucoup plus qu'un simple idéal", il souligne une réalité constitutive de notre humanité : qui serais-je alors, pour le soupçonner de préparer autre chose, ou de manquer de clarté ?
Les enfants qui nous regardent, les nôtres, que voient-ils ? Je ne crois pas que ce soit toujours très glorieux. Lorsque le Fils Unique du Père, Jésus le Christ, a voulu apprendre de nous en se faisant l'enfant de Bethléem et de Nazareth, il a eu sous les yeux Marie, pour l'éducation de sa Foi humaine, et Joseph, pour faire de lui un homme capable, raisonnable et fiable. Saint Joseph, celui-là même qui refusa de faire lapider sa promise pourtant enceinte, avant de recevoir l'annonce de l'ange, alors qu'il ignorait encore tout du projet divin … Quelle sagesse !
Si nous avons bien écouté la généalogie de Jésus dans Saint Matthieu à la messe du soir de Noël (celle que nous ne disons jamais en réalité…), nous savons donc que Jésus Fils de David, assume de l'être de Salomon aussi. Gardons-nous le souvenir des conditions de la naissance de ce dernier ? Des reproches du prophète et du psaume 50 ? Ou peut-être aimons-nous simplement écouter Léonard Cohen sur CNews ou C8, qui chante cette idylle entre David et Bethsabée, sous l'acclamation d'un alléluia devenu tube mondial…
Précisons pour ceux qui ne le sauraient pas, qu'il s'agit de la manière pour David de prendre pour maîtresse la femme de son chef d'armée parti à la guerre, de s'assurer en le faisant mourir qu'il ne reviendra pas, pour Bethsabée garder comme nouvelle concubine. Salomon est donc le fruit d'une union illégitime. Il deviendra le Roi le plus sage de l'histoire biblique, attirant l'admiration de la Reine de Saba.
Alors … qu'offrons nous à voir à nos enfants de nous-mêmes ? Quelle conscience de l'amour de Dieu voient-ils dans nos comportements quotidiens ? Si nos principes sont ceux de l'Evangile, sommes-nous pour nos enfants, une vraie bénédiction, une vraie Miséricorde de la part du Seigneur ? Nos enfants sentent ce qui habite nos profondeurs, j'ose même croire qu'ils ne voient que cela en nous. Et ils apprennent de nous, parce que l'amour qu'ils nous portent, les fait croire en nous.
Mais s'ils viennent à s'interroger, lorsqu'ils voient dans les coffrets des Mages d'aujourd'hui, l'or de nos ambitions humaines, voué à disparaître, l'encens de la prière, qui a déserté l'autel de notre cœur, la myrrhe de la Miséricorde divine, qui a disparu du regard humain qui se pose sur le pécheur, qu'elle réponse serons-nous capables de donner ?
Et ils s'interrogent, le jour où ce qu'ils voient, s'accorde mal avec les vérités éternelles, et en tout premier lieu que Dieu nous aime, selon la parole de Paul, qui leur donnera la certitude que "ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l'avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur" ?
Alors pour ma part, je forme ce vœu de nouvelle année : que nous devenions au grè de notre foi, une vraie bénédiction pour nos enfants. Et que sous leurs yeux, nous soyons une vraie bénédiction de la part du Seigneur, offerte à tous ceux qui comptent sur nous, dans nos goûts et nos couleurs, au travail, à la maison, dans nos soirées, dans nos salles et sur nos terrains de sport, dans nos engagements ou nos vacances, dans nos paroisses, ou aux AFC … comme un encouragement à accueillir la seule vérité qui permet de les comprendre toutes : nous sommes aimés de Dieu.
Père Sébastien Vauvillier
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